Bègles sera-t-elle la première ville à expérimenter la légalisation du cannabis ?

11 avril 2024 à 14h28 par Élodie Quesnel

WIT FM
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Crédit : Pixabay

Expérimenter la légalisation encadrée du cannabis. C'est ce que souhaite mettre en place dans sa ville, le maire de Bègles, Clément Rossignol-Puech. Après un an de travail, entouré d'un comité scientifique et un comité citoyen, un livret contenant les contours de cette expérimentation a été présentée en réunion publique. Et sera bientôt sur le bureau d'Emmanuel Macron.

Fumer un joint de cannabis en toute légalité sans être inquiété par la police. C'est ce que souhaiterait expérimenter le maire de Bègles, Clément Rossignol-Puech. Elu dans la commune de Bordeaux Métropole depuis 2020, il a lancé depuis un an une concertation pour écrire les contours d'une expérimentation pour encadrer la légalisation du cannabis récréatif.

Une proposition d'expérimentation sur cinq ans

Voilà un an que le sujet a vu le jour dans la commune de Bègles. En juillet 2023, deux comités étaient mis en place. L'un scientifique et l'un citoyen avec 15 habitants de Bègles volontaires et tirés au sort. Leur mission : rédiger une sorte de livret répertoriant les contours d'une expérimentation locale pour encadrer la légalisation du cannabis. Car la France est le pays d'Europe qui compte le plus de consommateurs de cannabis, pas moins de 5 millions. Il est aussi le pays le plus répréssif en la matière.

Pour le maire de Bègles, Clément Rossignol-Puech tout est parti d'un constat. "Comme beaucoup de maires, nous sommes confrontés à des problématiques de trafic de stupéfiants sur nos territoires qui provoquent des nuisances pour la tranquilité des riverains. Et ces problèmes s'intensifient. Il y a un an, la police a démantelé un trafic de stupéfiants et deux bandes rivales se sont affrontées pendant deux nuits consécutives pour savoir qui allait reprendre la place. Alors c'est important d'avoir ces opérations de police mais on se rend compte que la violence et la problématique ne disparaissent pas."

Après plusieurs tables rondes, les contours de l'expérimentation ont été posés. Cent consommateurs volontaires pourraient pendant cinq ans aller acheter du cannabis dans un lieu spécifique et discret, consommer sans être inquiété par la justice soit dans ce lieu spécifique soit à son domicile. Il ne sera pas possible de fumer dans l'espace public. "C'est aussi une question de santé publique. Si l'Etat prend la main, la recette des ventes (elle est chiffrée aujourd'hui à près de 3 milliards d'euros) sera utilisée pour la prévention ou aider les personnes qui le souhaitent à sortir de leur addiction. Ils se sentiront moins stygmatisés."

L'expérimentation pourrait aller jusqu'à la production locale de cannabis pour proposer un produit de qualité. "Aujourd'hui, les consommateurs ne savent pas vraiment ce qu'il y a dans ce qu'ils achètent. Le taux de THC est de plus en plus élevé ce qui est nocif pour la santé."

Un livret envoyé à l'Elysée

Ce mercredi 10 avril, une réunion publique s'est tenue à Bègles pour présenter en détail les contours de ce livret d'expérimentation. Un livret qui sera ensuite déposé sur le bureau du Préfet de Gironde, Etienne Guyot, mais aussi sur ceux des ministres de la Santé, de l'Agriculture mais aussi du Président de la République. "Les citoyens sont prêts à sauter le pas de la légalisation, les politiques au niveau national un peu moins. Ça va prendre du temps, mais les lignes vont bouger. Et puis, je compte bien rappeler à Emmanuel Macron que lors de la campagne de l'élection présidentielle de 2017, il s'était dit ouvert à mettre le sujet sur la table."

Le livret est téléchargeable sur le site de la ville de Bègles.