Bordeaux : bataille de chiffres autour de la Nuit de la Solidarité

25 janvier 2022 à 17h16 par Clara Echarri

Nuit de la solidarité asso
Les associations s'indignent de la réponse de la préfecture.
Crédit : Wit FM - C.E

La ville de Bordeaux a donné les premiers résultats de la Nuit de la Solidarité, résultats que la préfecture a immédiatement contestés. Les associations s'indignent de cette "réponse froide"

Bataille de chiffres autour de la Nuit de la Solidarité. La ville de Bordeaux, la préfecture, les associations et collectifs... chacun y va de son constat. Tout commence dans la nuit du 20 janvier : Bordeaux organise sa première Nuit de la Solidarité, pour comptabiliser le nombre de personnes sans-abri. Des agents de la ville, du CCAS, de l'INSEE, des membres d'associations mais aussi des citoyens "lambdas" ont donc parcouru 90 secteurs de la ville, de 18h à 00h. 

Premiers résulats : 858 personnes ont besoin d'une "mise à l'abri urgente" sur Bordeaux. "561 personnes ont été recensées hier dans les rues et les campements de la ville. Ces personnes viennent s’ajouter aux 287 hommes, femmes et enfants actuellement à l’abri dans des squats, dont le recensement a été effectué par les services municipaux et métropolitains en parallèle de la Nuit de la Solidarité" détaille le communiqué des services de la ville. 

Ces chiffres ont été donné vendredi 21 en début de soirée : deux heures plus tard, la préfecture réagit. La préfète "conteste fermement" les résultats, et assène : "l'amalgame des situations enlève toute crédibilité à cette action. Le nombre de personnes en situation d’urgence à la rue n’est pas connu. C’était pourtant l’intérêt de l’opération". Dans son communiqué, Fabienne Buccio déclare également qu'aucun appel n'a été passé au 115 le soir du 20 janvier, alors que des places étaient selon elle "disponibles".  

Une réponse qui fait bondir certains bénévoles. Un rassemblement a été organisé à la hâte devant la préfecture, lundi 24 janvier. « Ne vous battez pas pour les chiffres, le compte n’y est pas. » lancent une vingtaine d'associations, signataires d'un courrier de protestation. Capture d'écran à l'appui, elles entendent démontrer qu'il y a bel et bien eu au moins un appel au 115 le soir du recensement. 

Dans leur communiqué, elles ajoutent : « la comptabilisation des appels au 115 ne peut en aucun cas constituer une méthode un tant soit peu sérieuse ». Avant d'ajouter : « l’objectif de la Nuit de la solidarité visait précisément à améliorer la connaissance sur le nombre de personnes sans abri afin d’adapter au mieux les dispositifs d’urgence et sociaux . Mais les bénévoles n’étaient pas invités à convaincre les personnes d’appeler le 115 et encore moins à appeler à leur place ». 

Les associations attendent désormais "une vraie réponse" de la préfète, "et qu'elle ne donne pas juste 20 places pour nous faire fermer notre bouche". Des actions sont d'ailleurs prévues dans les prochains jours. "On sait bien que le décompte de la mairie est exhaustif, ils le reconnaissent sans problème. Mais au moins, on part sur une bonne base. Dire qu'il n'y a qu'une centaine de personnes sans-abri à Bordeaux, c'est n'importe quoi" s'indignent-ils. 

Selon les signataires du courrier, il faudrait ajouter au moins 432 personnes au premier décompte.