L’UE interdit les chargeurs pour iPhone d’Apple dès 2024
7 juin 2022 à 16h28 par Lucas Pierre
L’Union européenne et les eurodéputés ont voté un texte en faveur d’un chargeur unique notamment pour les téléphones portables d’ici l’année 2024. La mesure, présentée ce mardi 7 juin, concernera également les tablettes, les écouteurs, les casques ou encore les consoles de jeux vidéos. Un texte qui connaît une vive opposition de la part d’Apple. La marque à la pomme a développé son propre système de recharge filaire, qui équipe 1 milliard d’utilisateurs selon le groupe californien.
La fin des chargeurs incompatibles encombrant les tiroirs ? Selon l'accord trouvé mardi entre États membres et eurodéputés, l'UE imposera à partir de 2024 un chargeur filaire universel pour les smartphones, tablettes, consoles et appareils photo numériques, au grand dam d'Apple qui s'y opposait. D'ici l'automne 2024, une série d'appareils rechargeables par câble - téléphones mobiles, tablettes, liseuses électroniques, casques, appareils photo numériques, consoles de jeux vidéo portables, enceintes portatives...- devront être équipés d'un port USB-C pour être vendus dans l'UE, quel que soit le fabricant.
Les ordinateurs portables seront soumis à la même exigence d'un chargeur unique d'ici le printemps 2026. L'accord politique conclu mardi, après de longues négociations, sera formellement approuvé après l'été par le Parlement européen et le Conseil, instance représentant les Etats. Le texte ouvre également la voie à une future standardisation des technologies de chargement sans fil, actuellement en plein essor. « Les consommateurs n'auront plus besoin d'un dispositif et d'un câble de chargement différents à chaque fois qu'ils achètent un nouvel appareil, ils pourront utiliser un seul chargeur pour tous leurs appareils électroniques de petite et moyenne taille », éliminant des accessoires inutiles, explique le Parlement.
11 000 tonnes de déchets de chargeurs non-utilisés par an
Le texte prévoit que la vitesse de charge soit harmonisée pour les appareils autorisant la charge rapide, afin d'éviter qu'elle soit bridée en cas d'utilisation d'un chargeur d'une marque différente. L'étiquetage sera amélioré pour mieux informer les consommateurs, qui pourront acheter un appareil avec ou sans chargeur. Cette réglementation pourrait permettre aux consommateurs européens - qui dépensent 2,4 milliards d'euros par an pour des achats de chargeurs seuls - d'économiser au moins 250 millions d'euros annuellement, selon la Commission européenne. Les déchets de chargeurs non utilisés, évalués à 11.000 tonnes par an, pourraient être réduits de presque 1.000 tonnes.
L’innovation étouffée ?
Ce projet avait été lancé dès 2009 par la Commission, mais il s'était longtemps heurté aux résistances de l'industrie. Pour autant, le nombre de types de chargeurs existants s'est fortement réduit au fil des ans. D'une trentaine en 2009, ils sont passés à trois : le connecteur Micro USB qui a longtemps équipé la majorité des téléphones, l'USB-C, une connexion plus récente, et la technologie de chargement Lightning d’Apple. Le groupe californien, qui fait valoir que Lightning équipe plus d'un milliard d'appareils dans le monde, a constamment manifesté son opposition, estimant que le texte européen « étouffera l’innovation », et coupera l'UE -soumise à un choix de normes « obsolètes » - du reste du monde.
En mettant hors-jeu une partie des chargeurs et smartphones en circulation, Bruxelles « imposera des pertes importantes aux fabricants, réduira le choix des consommateurs et génèrera des déchets électroniques » supplémentaires, a insisté Apple mardi. « Disons-le clairement : si Apple veut commercialiser ses produits (en Europe), il faudra respecter nos règles (...) Il faut penser à l’environnement », a répliqué le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton.