5G : malgré les critiques, les enchères lancées aujourd’hui

29 septembre 2020 à 7h35 par Iris Mazzacurati avec AFP

WIT FM
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

Après le faux départ, le début d'une course de fond dans un climat de défiance : la France, "en retard" dans le déploiement de la 5G au grand dam du gouvernement lance, mardi 29 septembre, l'attribution des premières fréquences, qui devrait rapporter plusieurs milliards d'euros à l'Etat.

Initialement prévues en avril, mais repoussées en raison de la pandémie de coronavirus, ces enchères doivent permettre aux opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free) d'acquérir 11 "blocs" de fréquences aujourd'hui inutilisés, et ouvrir la voie aux premières commercialisations de services 5G dans certaines villes à la fin de l'année.

Malgré la défiance d'une partie de l'opinion et les multiples demandes de "moratoire" de plusieurs élus de gauche, le futur réseau mobile sera lancé en France en utilisant d'abord la bande allant de 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz) sur le spectre électromagnétique.

Les quatre opérateurs ont déjà obtenu chacun un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans cette bande de fréquences, au prix fixe de 350 millions d'euros. Avec les 110 MHz supplémentaires mis en jeu, l’État espère encaisser 2,17 milliards d'euros au minimum. Un opérateur ne pourra pas acquérir plus de 100 MHz "pour donner ses chances à chacun", explique l'Arcep, régulateur français des télécoms qui encadre les enchères.

Réticences d’une partie de l’opinion

L'enchère principale, qui devrait durer une dizaine de jours, sera suivie d'une "enchère de positionnement" permettant aux opérateurs de choisir s'ils préfèrent se situer au centre de la bande ou à ses extrémités, plus susceptibles d'interférences avec d'autres services. La 5G suscite toutefois l'hostilité d'une partie de l'opinion, de responsables politiques et d'ONG, qui remettent en question l'intérêt de cette nouvelle technologie, en invoquant des risques pour la santé et l'environnement.

Près de 70 élus de gauche et écologistes, parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou la maire de Marseille Michèle Rubirola, ont demandé mi-septembre dans une tribune un moratoire sur l'attribution des fréquences.

Mais le gouvernement a souhaité maintenir son calendrier sans attendre un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) prévu en mars 2021, soulignant que la plupart des pays avancés ont déjà attribué ces fréquences.

Selon un rapport gouvernemental, la 5G n’aurait "pas d’effets néfastes en dessous des valeurs recommandées. »

Des cartes rebattues

Ce débat politique enflammé, marqué par la menace de plusieurs collectivités locales d'entraver le futur déploiement de la 5G, peut-il avoir un impact sur le comportement des opérateurs lors des enchères ?

"Cela va changer un peu le rapport de force", estime Guillaume Vaquero, expert télécoms pour le cabinet Wavestone.

"On était dans un schéma où l'Arcep exigeait des opérateurs des engagements dans la couverture. Là, les opérateurs peuvent dire : "On est prêt à déployer, mais quelles sont les garanties pour qu'on puisse le faire dans de bonnes conditions ? " Car derrière, ce sont des investissements colossaux", ajoute-t-il.

Autre élément à prendre en compte pour les opérateurs, les fortes restrictions sur le géant chinois Huawei, qui vont notamment obliger SFR et Bouygues Telecom à changer d'équipementier (Ericsson, Nokia) pour une grande partie de leur futur réseau. "C'est sûr que cela a mis les opérateurs dans une position très délicate, car ils ont dû revoir leurs plans d'investissement qui sont à l'échelle d'une décennie", souligne encore Guillaume Vaquero.

La première génération de téléphonie mobile permettait de passer des appels, la 2G d'y ajouter du texte, la 3G de commencer à envoyer des images et la 4G de développer l'internet mobile et les usages vidéo. A terme, la 5G doit accélérer les débits et connecter tout ce qui ne l'est pas actuellement as (usines, transports...).