Affaire Théo : trois policiers renvoyés devant les assises

Publié : 26 novembre 2020 à 18h10 par AFP

WIT FM
Théo Luhaka
Crédit : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Les trois policiers impliqués dans l'interpellation violente de Théo, , seront jugés, fait rare, devant une cour d'assises pour "violences volontaires". La nouvelle a confirmé à l'AFP le parquet de Bobigny. Cette affaire qui avait relancé en 2017 le débat sur les violences policières.

La juge d'instruction en charge de l'enquête sur l'agression de ce jeune homme noir d'Aulnay-sous-Bois a rendu mercredi l'ordonnance qui renvoie devant les assises le principal accusé pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, et les trois fonctionnaires pour violences volontaires avec circonstances aggravantes.

 

La juge a en revanche abandonné les poursuites pour viol, comme le préconisait le parquet, qui estimait dans son réquisitoire rendu en octobre que "les éléments constitutifs du crime de viol n'étaient pas réunis".

 

Un non-lieu a par ailleurs été ordonné concernant un quatrième policier qui avait été témoin de la scène.

 

Théodore Luhaka, 22 ans à l'époque, avait été grièvement blessé par un coup de matraque dans la zone rectale. C'est parce qu'il est désormais handicapé à vie que les policiers seront jugés par une cour d'assises, juridiction pénale compétente pour juger les crimes.

 

Le 2 février 2017, peu avant 17H00, Théo avait été interpellé dans la cité des 3.000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), une scène filmée par des caméras de vidéosurveillance. Alors que des policiers tentent de l'immobiliser, le jeune homme se débat puis s’effondre. Il est ensuite emmené à quelques mètres, hors du champ de la caméra.

 

Cinq jours après les faits et leur retentissement national, Théo Luhaka avait reçu la visite à l'hôpital de François Hollande, alors président de la République. Sur son lit, le jeune homme avait lancé un appel au calme, après des tensions lors de rassemblements de soutien.

 

En parallèle, la Défenseure des Droits Claire Hédon a publié mardi un rapport sur cette interpellation, dans lequel elle réclame des sanctions administratives à l'encontre des quatre agents de la Brigade de sûreté de terrain (BST).

 

Le rapport pointe "plusieurs gestes (...) disproportionnés". Une fois "maîtrisé, assis au sol, menotté dans le dos et grièvement blessé, aucun cadre légal ne pouvait justifier l'exercice de la force à son égard", écrit Mme Hédon, en rappelant que le jeune homme a été arrêté "sans que le motif d'interpellation ait pu être clairement établi".

 

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