Antibiotiques : des bactéries de plus en plus résistantes

21 novembre 2017 à 12h54 par Laure Deville

WIT FM
Crédit : pixabay

L'agence régionale de santé en Nouvelle-Aquitaine ainsi que les équipes du CHU Pellegrin à Bordeaux s'inquiètent de l'utilisation des antibiotiques chez nous.

La France est aujourd’hui le quatrième plus gros consommateur d’antibiotiques en Europe derrière l’Italie, la Grèce, la Lituanie ou encore Chypre selon l'agence régionale de santé. Cette surconsommation a des conséquences, parfois dramatiques. En effet, les spécialistes ont constaté que ces bactéries résistent de plus en plus aux médicaments et qu’en plus elles se transmettent à notre entourage. Une campagne avait été lancée il y a une dizaine d’années intitulée « les antibio, ce n’est pas automatique », mais depuis le message semble être passé aux oubliettes. Outre ces bactéries, il a été constaté une recrudescence des effets indésirables sur les patients.

Chaque année, en France, 150 000 personnes sont infectées par une bactérie résistante et plus de 12 500 décès sont imputables à ces infections.

À l’hôpital Pellegrin de Bordeaux au service des maladies infectieuses, sur 58 lits, près de la moitié correspond à un mauvais usage des antibiotiques. Une population difficile à traiter selon le Professeur Michel Dupont du service maladies infectieuses et tropicales à Bordeaux. « Nous avons aujourd’hui peu d’antibiotiques qui peuvent éradiquer ces bactéries, notre marge de manœuvre est donc limitée ».

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C’est pour cette raison que les professionnels relancent leur message de prévention. En Nouvelle-Aquitaine, même si la consommation d’antibiotiques est légèrement en baisse au deuxième semestre 2016, elle reste encore supérieure à la moyenne nationale. Les médecins ont aussi un rôle à jouer dans cette formation, mais ils subissent parfois la pression des patients qui ont l’impression d’être moins bien soignés s’ils n’ont pas d’antibiotiques. Le médecin manque aussi de temps pour effectuer d’autres tests qui permettent de déterminer si le patient aura besoin ou non de ces substances.

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 C’est un vrai enjeu de santé publique selon le professeur Didier Neau du service maladies infectieuses et tropicales à Bordeaux. Dans les perspectives les plus alarmistes, si on continue comme cela, on estime que les bactéries résistantes entraîneront plus de décès que le cancer. En 2050, ce sera alors la première cause de mortalité. Le but de cette campagne est de réduire cette consommation de 25% d’ici 2020, pour cela il faut informer à tous les niveaux et notamment auprès des enfants.

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