Assassinat de Samuel Paty : trois nouveaux suspects devant la justice

6 novembre 2020 à 11h00 par Iris Mazzacurati avec AFP

WIT FM
Un des suspects a été interpellé en Haute-Saône et un autre en Haute-Marne.
Crédit : Rédaction / Etienne Escuer - Photo d'illustration

Deux jeunes hommes et une jeune femme doivent être présentés vendredi 6 novembre à la justice en vue d'une mise en examen dans l'enquête sur l'assassinat de Samuel Paty, le professeur tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet.

Les deux hommes, âgés de 18 ans, et la femme, âgée de 17 ans, ont été interpellés et placés en garde à vue mardi matin à la demande des juges d'instruction, qui envisagent de les mettre en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", selon ces sources proche du dossier et judiciaire.

Au moins l'un d'eux est soupçonné d'avoir échangé des messages avec le terroriste. Un des suspects a été interpellé en Haute-Saône et un autre en Haute-Marne, selon une source proche du dossier.

Samuel Paty, enseignant de 47 ans avait été décapité à la sortie de son collège de Conflans par Abdoullakh Anzorov, un réfugié d'origine russe tchétchène de 18 ans, pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de deux cours début octobre sur la liberté d'expression. Anzorov, radicalisé depuis plusieurs mois selon sa famille mais inconnu des services de renseignement, avait été abattu par les policiers qu'il attaquait après son crime.

Sept personnes ont déjà mises en examen dans cette enquête, le 21 octobre, dont six pour "complicité d'assassinat terroriste".

Parmi eux, deux collégiens de 14 et 15 ans, accusés d'avoir désigné contre rémunération l'enseignant à l'assaillant. Ils ont été laissés libres sous contrôle judiciaire.

Brahim Chnina, le parent d'élève à l'origine d'une campagne de dénigrement de Samuel Paty, et le militant islamiste qui l'avait soutenu, Abdelhakim Sefrioui, sont également poursuivis pour "complicité".

Placés en détention provisoire, ils sont accusés d'avoir "nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux le professeur d'histoire-géographie "au moyen d'une manœuvre et d'une réinterprétation des faits", selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard.

Le jeune terroriste avait contacté M. Chnina, qui assure n'avoir eu aucune idée de son projet, à la suite des vidéos publiées par ce père de famille qui accusait le professeur de "discrimination" envers les collégiens musulmans, dont sa fille.

Deux amis de l'assaillant, Naïm B. et Azim E., ont également été placés en détention provisoire, soupçonnés de complicité pour avoir accompagné Anzorov acheter un couteau, puis pour le second de l'avoir convoyé de sa ville d'Evreux vers l'Ile-de-France.

Une troisième relation du terroriste, Yussuf C., est poursuivi pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et également incarcéré.

L'enquête explore également la piste de liens entre le tueur et au moins un jihadiste russophone en Syrie. Anzorov avait envoyé le 16 octobre sur les réseaux sociaux, un message audio en russe hésitant après avoir posté la photo du professeur d'histoire décapité.