Il lègue sa fortune à une commune qui l'avait protégé des nazis

29 janvier 2021 à 13h30 par Iris Mazzacurati avec AFP

WIT FM
Le généreux donateur a vécu de 1943 à 1950 au Collège Cévenol, sur les terres protestantes du platea
Crédit : Wikimedia Commons / Havang(nl)

Un homme d'origine autrichienne, décédé le mois dernier à 90 ans, a fait un important legs à la commune du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), où sa famille juive fuyant les nazis avait trouvé refuge en 1943, selon le maire.

Jean-Michel Eyraud, élu en 2020, évoque un montant "conséquent pour la commune", dont le défunt a souhaité faire son légataire universel. L'édile ne le précise pas à ce stade car un notaire doit encore calculer l'étendue des biens et charges d'Éric Schwam, décédé le 25 décembre.

L'ancienne maire du Chambon-sur-Lignon, Éliane Wauquiez-Motte, a évoqué une somme de "deux millions d'euros" dans la presse locale, expliquant que le couple Schwam avait contacté la mairie il y a plusieurs années en vue d'un legs et qu'elle les avait rencontrés à deux reprises.

Le défunt a vécu de 1943 à 1950 au Collège Cévenol, sur les terres protestantes du plateau du Vivarais-Lignon, où sa famille autrichienne, qui fuyait le régime nazi, avait trouvé refuge, selon M. Eyraud.

"Après des études de pharmacie, il a épousé une catholique de la région lyonnaise", précise le maire.

Le donateur, sans enfant, demande dans son testament que des actions soient entreprises par la commune au profit de l'éducation et de la jeunesse, notamment sous la forme de bourses. Il a aussi choisi de léguer une partie de sa fortune à des associations telles que la SPA, l'association d'aide aux enfants "À chacun son Everest" et à une fondation de lutte contre la douleur.

À la frontière de la Haute-Loire et de l'Ardèche, Le Chambon-sur-Lignon et les villages alentours ont une longue tradition d'accueil de personnes fuyant les persécutions religieuses et politiques, depuis les guerres de religion jusqu'aux "boat people", en passant par les prêtres réfractaires durant la Révolution ou les Républicains pendant la Guerre civile espagnole.

Les habitants du plateau, qui ont aussi participé pendant la Seconde guerre mondiale à l'accueil et au sauvetage de quelque 2 500 juifs, ont reçu en 1990 la reconnaissance de "Justes parmi les nations", la plus haute distinction honorifique décernée par l'État d'Israël à des civils.