Bordeaux : le CHU tire la sonnette d'alarme

10 janvier 2022 à 16h40 par Clara Echarri

CHU Bordeaux
Le CHU de Bordeaux est en tension depuis plusieurs semaines.
Crédit : Wit FM - C.E

Covid en forte hausse, difficultés de recrutement, manque de lits... le CHU de Bordeaux doit gérer plusieurs fronts à la fois.

Le CHU de Bordeaux est en tension depuis plusieurs semaines déjà. C'est le constat fait par ses équipes en ce début d'année. L'établissement de santé subit les difficultés liées au Covid, mais pas seulement : difficultés de recrutement de personnel, difficulté de gestion des lits, difficultés en raison des clusters dans leurs services et donc par  l'absentéisme qui en découle, difficultés dans les services d’urgences, notamment pédiatriques...


"Tout le monde est mobilisé, les 15 000 personnes quitravaillent ici. ça fait deux ans que l’on est dans cette pandémie avec des vagues successives. Le 24 janvier 2020, on accueillait le premier patient Covid de France. On n’a jamais arrêté les cellules de crises, au moins une par semaine" détaille Yann Bubien, le directeur du CHU. L'hopital accueille des patients de partout, notamment de la région Nouvelle-Aquitaine.

Côté attractivité, le CHU lance les recrutements directement en CDI pour les aides soignants et les infirmiers, ou en titularisation directe en fonctionnaire. "On veut donner envie de rester". Un CFA pour les aide-soignants va commencer en 2022. Vont également être mises en place des allocations d’études pour les étudiants : avec un contrat entre l’étudiant et le CHU, le premier sera rémunéré contre des années "données" au CHU.

Autre chantier, celui des travaux, notamment pour l'unité de neuro-réanimation. Le démarrage des opérations est prévu le 15 avril 2022, pour un emménagement et une prise de possession du CHU en août 2022. La mise en exploitation du service aura donc lieu à partir de début septembre 2022, pour un budget de 4 500 000€ HT. Le nouvel hôpital des enfants, lui, ouvre en mars. Sont également lancés, les travaux sur l’institut de biologie : avec un nouveau bâtiment à Haut Lévêque, unique en France.

Mais ce qui est le plus évoqué par le personnel, c'est bien évidemment l'épidémie de COVID. Le taux de positivité bondit : rien qu'en Gironde, il est de 681 pour 100 000 habitants. Actuellement, 127 patients sont hospitalisés pour Covid 19, et 45 sont en réanimation et soins critiques.

"C'est une situation maîtrisée par rapport à d’autres CHU. Mais cette situation a un coût humain, vis à vis des patients et personnels. Aux urgences, on est à plus de 200 passages par jour chez les adultes, 180 pour les enfants" décrit Yann Bubien. "Le besoin de lits est extrêmement élevé... et la grève SOS Médecins ne facilite pas la tâche. Sur 1300 lits, presque 600 étaient fermés pendant les vacances". Le CHU a donc instauré une cellule de régulation médicale qui se réunit tous les jours, pour prioriser les arrivées dans les services.

Le Professeur Didier Gruson a donné les détails du service de réanimation : "la réanimation a toujours reçu des cas de COVID depuis deux ans, mais beaucoup plus depuis l'automne 2021". La réanimation est sur deux sites : St André et Pellegrin. Plus de 80% des personnes en réanimation sont des patients Covid à St André, et on tourne aux alentours de 50% à Pellegrin.

"Quand j’entends parfois que les hôpitaux ne sont pas surchargés, je m’étonne. C’est à dire que les autres patients (défaillances vitales de cancer, de leucémie, tentatives de suicide, greffe) n’ont pas le même accès en réanimation que d’habitude". En réanimation, le taux de décès du au Covid est à un peu plus de 20%. 

"70/80% des patients admis en réanimation Covid ne sont pas vaccinés du tout. Je n’ai jamais eu en réanimation de patients qui ont eu 3 doses. Il est important que les patients à risque aient la dose de rappel.". Parmi les autres patients, il y a majoritairement des personnes immunodéprimées, qui ont reçu 5, 6 doses parfois, mais qui n'arrivent pas à produire d'anticorps". 

Un an après le début de la vaccination, c'est le Professeur Marianne Lafitte qui gère ce pôle à Haut Lévèque. Les 100 000 vaccinations y ont été dépassées. Le service a pu compter sur de nombreux médecins retraités, et jusqu’à 250 étudiants en santé ont été formés à la vaccination sur place. 
"Il y a plusieurs catégories de personnes" explique-t-elle, "les vaccino convaincus, par le côté scientifique ou politique. Il y a les opposants qu’on ne verra jamais et qui envoient même des menaces. Il y a ceux qui veulent les faux pass, les tentatives de corruption. Et il y a ceux qui montrent des faux pass et qui veulent un rappel. C'est la grosse difficulté actuelle".