Bordeaux : un enfant scolarisé sur cinq n'a pas de logement
Publié : 14 mai 2025 à 17h48 par Diane Charbonnel
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Aujourd'hui, dans la métropole bordelaise, un enfant scolarisé sur cinq est sans domicile fixe. Un collectif de parents d'élèves et de professeurs s'est créé pour aider les familles concernées, alerter les élus et tenter de faire changer les choses.
Le chiffre est choquant et terriblement attristant. Un enfant scolarisé sur cinq dans la métropole bordelaise est aujourd'hui sans domicile fixe. Ces enfants sont scolarisés en maternelle, en élémentaire ou au collège. Mais une fois la journée de classe terminée, ils se retrouvent le soir et la nuit à la rue, dans un squat ou un hébergement d'urgence. Cette situation n'est pas nouvelle. Elle dure depuis plusieurs années. Mais en octobre dernier, un collectif rassemblant une centaine de parents d’élèves et de professeurs de toute la métropole bordelaise s’est créé. Objectif, aider les familles concernées mais surtout alerter les élus pour faire en sorte qu'elles puissent trouver le plus rapidement un logement pérenne.
Des parents mobilisés dans toute la métropole
Depuis plusieurs années, dans toute la métropole bordelaise, il n'est pas rare que des mères et des pères qui viennent rechercher leurs enfants à la sortie de l'école croisent des familles qui ne savent pas où elles dormiront le soir même. Les enfants de ces familles sont pourtant dans la même classe que les leurs. Jusqu'à septembre dernier, avec les personnels des écoles, les parents s’organisaient entre eux pour leur venir en aide en les hébergeant notamment à tour de rôle. Mais réalisant que tous les établissements scolaires de la métropole étaient concernés, et face surtout aux nombres de familles dans cette situation, parents, professeurs et personnels des écoles ont décidé de s’unir pour alerter les élus. C'est de cette façon que le collectif de soutien aux enfants mal logés de la métropole bordelaise a vu le jour en octobre 2024. "Personne n'aurait pensé qu'un enfant sur cinq, dans toutes les écoles de la métropole, n'avait pas de logement", explique Laure Michel, co-fondatrice du collectif, "Cet hiver, nous avons donc décidé d'alerter la mairie, le département, la Région et la préfecture".
Des avancées mais pas de solution pérenne
Cet hiver, ces alertes lancées par le collectif ont permis de maintenir, ou de placer en hébergement d'urgence, 150 personnes, parents et enfants. Mais depuis le 31 mars, depuis la fin de la trêve hivernale, ces familles se retrouvent une nouvelle fois à la rue. "Même s'il y a de nombreuses places d'hébergement d'urgence qui sont ouvertes dans le département, il n'y en a pas assez", explique Laure Michel. "Il n'y a pas non plus de principe de continuité", poursuit la co-fondatrice du collectif. "Des familles vont être hébergées pendant deux mois dans un hébergement d'urgence et vont ressortir de cet hébergement sans solution et se retrouver sans domicile".
Pour les membres du collectif, il n'y a pas assez de communication entre les différentes institutions. "On constate que chacun travaille un peu dans son coin. Par exemple des familles qui sont prises en charge par le Département, au titre de l'Aide Sociale à l'Enfance, parcequ'elles ont un enfant de moins de trois ans, ne bénificient pas de formations ou d'aide à l'insertion." Une fois le quatrième anniversaire de leur enfant passé, elles ne sont plus prises en charge par le Département et se retrouvent à la rue. Pour le collectif, la préfecture, la mairie, la Région et le Département doivent travailler ensemble.
Une pétition pour plus de communication
Le collectif a lancé une pétition pour expérimenter son plan "Territoire zéro enfant à la rue en Gironde" qu'elle a élaboré. "L'idée est que l'hébergement et le logement sont de la compétence de l'État", explique Laure Michel. "Sauf que pour accéder à un logement, il faut avoir accès à un travail, une formation. C'est de la compétence de la Région. Il faut être pris en charge correctement socialement, ce qui est de la compétence du Département."
Le collectif appellent donc les institutions à travailler conjointement, sans pour autant augmenter les moyens financiers. "Ce que nous demandons, c'est que toutes le collectivités travaillent ensemble à optimiser le système de gestion actuel de l'hébergement d'urgence avec les associations qui proposent des solutions alternatives. On voit que le système actuel ne fonctionne pas."
Dans sa pétition, le collectif demande également la création d’un numéro d’urgence, autre que le 115, qui serait transmis aux directeurs et directrices d’écoles. Ce numéro pourrait être contacté immédiatement lorsqu’une famille ne sait pas où dormir le soir même.