Brexit : les Britanniques "grands perdants" en cas de "no deal" ?

14 décembre 2020 à 9h30 par Iris Mazzacurati avec AFP

WIT FM
L'un des points d'achoppement d'un accord sur le Brexit : la pêche.
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

La saga continue, Londres et Bruxelles prolongent le feuilleton du Brexit pour éviter le "no deal" qui semble pourtant se profiler... Selon Bruno Le Maire, les britannique ont davantage à perdre que la France.

L'interminable saga du Brexit repart pour un tour : Londres et Bruxelles vont relancer cette semaine leurs interminables négociations en vue d'un accord commercial sans se fixer cette fois de date butoir, avant le couperet de la rupture définitive le 31 décembre.

"Malgré l'épuisement après presque un an de négociations, malgré le fait que les délais ont été dépassés à maintes reprises, nous pensons qu'il est responsable, à ce stade, de faire un effort supplémentaire", ont affirmé dans un communiqué commun la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Les discussions devaient se poursuivre dès lundi 14 décembre à Bruxelles, moins de trois semaines avant la date couperet du 31 décembre.

Sur Twitter, Boris Johnson ne cache pas son état d’esprit :

"Dans l'état actuel des choses, nous sommes toujours en total désaccord autour de questions clés. Il y a encore un accord à trouver, mais la chose la plus probable est que nous devons être prêts pour un "no deal" le 1er janvier."


De son côté, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a estimé lundi que les Britanniques seraient "les grands perdants" du Brexit, qui n'amputera la richesse nationale de la France que de 0,1 point de pourcentage en 2021.


"La nation qui ressortira affaiblie du Brexit, c'est la Grande-Bretagne (...) Nous, on n'y perd pas beaucoup", a affirmé M. Le Maire sur France Info.

Pour "la France, le commerce vers la Grande-Bretagne, c'est environ 33 milliards d'euros. C'est pas grand-chose au regard du volume commercial global de la France", a-t-il détaillé.

Les services du ministère de l'Economie ont précisé que ce calcul était valable en cas d'accord ou en l'absence d'accord commercial, la différence d'impact sur le produit intérieur brut (PIB) français étant "minime".


Pour la Banque de France, une absence d'accord, mais sans désordre financier, induirait un impact "probablement de 0,2 point" sur le PIB français l'an prochain, a indiqué son gouverneur François Villeroy de Galhau lors d'une conférence de presse lundi dédiée aux projections macroéconomiques de la banque centrale.

C'est de l'ordre de "l'épaisseur du trait", a-t-il commenté, précisant lui aussi que les conséquences seraient "beaucoup moins importantes" pour l'Union européenne qu'elles ne le seront pour l'économie britannique.

"En France on va avoir quelques secteurs très durement touchés et ils vont avoir besoin de tout notre soutien", comme la pêche dont l'activité est "fondamentale", notamment pour "quelques communes" du littoral comme Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), ou Le Guilvinec (Finistère), a précisé Bruno Le Maire.

"Nous aurons aussi 150.000 entreprises qui exportent vers la Grande-Bretagne et qui vont être touchées, que nous accompagnons depuis des mois, que nous aidons à remplir des procédures douanières", a-t-il ajouté.

"Je regrette que mes amis britanniques aient à en payer le prix, parce qu'ils payent le prix du populisme, ils payent le prix des mensonges", a-t-il encore jugé.