Soeurs d'encre : le tatouage artistique pour aider à se reconstruire après un cancer du sein

11 octobre 2023 à 11h11 par Élodie Quesnel

Odré l'une des 70 tattoueuses de l'association Soeurs d'encre
Odré l'une des 70 tattoueuses de l'association Soeurs d'encre
Crédit : Nathalie Kaid photographe

Depuis 2017, l'association girondine Soeurs d'encre met en lien des tatoueuses et des femmes ayant subit une mastectomie suite à un cancer du sein pour les aider, par le tatouage, à se reconstruire.

Se faire tatouer après un cancer du sein pour se reconstruire. Depuis 2017, l'association girondine Soeurs d'encre se mobilise pour proposer aux femmes ayant subit une ablation du sein après un cancer de se faire tatouer pour retrouver de la confiance en soi. C'est à partir d'une séance photo, dans les studios de la photographe Nathalie Kaïd que l'aventure a commencé. "J'ai été contactée par l'institut Bergonié et la Ligue contre le cancer pour faire des photos de dix femmes qui avaient eu des cancers du sein. Et ce fut le choc quand elles se sont déshabillées. Voir leurs poitrines meurtries par la chimiothérapie. Ce n'est que deux ans après, lorsque je me suis faite tatouer, je me suis dit que le tatouage pourrait être un vrai bénéfice pour la reconstruction de ces femmes."

L'idée était lancée. Après la publication d'un livre et l'accompagnement d'une femme à se faire tatouer la poitrine, Nathalie lance la semaine Rose Tatoo en 2016, en partenariat avec l'institut Bergonié. Face au succès de l'opération, l'association Soeurs d'encre est créée en 2017. "Aujourd'hui on compte 70 tatoueuses à travers toute la France et pas moins de 100 femmes tatouées chaque année." Des tatoueuses qui suivent toutes une formation auprès du milieu médical. "C'est très important de faire un lien entre ces deux mondes car on ne peut pas tatouer à n'importe quel endroit. D'ailleurs la patiente doit recevoir la validation de son médecin avant de se faire tatouer."

"Le tatouage m'a sauvé la vie"

Au côté de Nathalie Kaïd, Laura Castel. La jeune femme a rejoint l'association en 2020 et occupe depuis peu le poste de responsable du Pôle Handicap et Tatouage. C'est d'abord en cherchant à s'informer que Laura a découvert Soeurs d'encre. "J'ai eu un cancer du sein à 26 ans. J'ai subi une ablation des deux seins. Mais malgré une reconstruction avec des prothèses, je n'arrivais pas à supporter le regard des gens sur moi." Le tatouage de la poitrine a été une vrai libération. "Ça m'a sauvé la vie. Très clairement. J'ai décidé de me faire tatouer aussi autour de la poitrine pour que mes dessins ressortent. Et le changement psychologique a été radical. Pour moi, les gens ne regardaient plus ma poitrine meurtrie mais mes tatouages. Je me suis de nouveau sentie femme."

Aller plus loin que le tatouage

L'association Soeurs d'encre a été plusieurs fois récompensées mais a surtout donné naissance à deux autres associations. "Et après" pour accompagner les femmes ayant eu un cancer du sein à se réinsérer dans le monde du travail grâce à l'Atelier d'éco solidaire, la recyclerie de Bordeaux. Mais aussi, les Ateliers BoNéNé. Ateliers en entreprises pour sensibiliser les employeurs et salariés au retour en entreprise de femmes ayant eu un cancer du sein.

Pour avoir plusieurs d'information sur le sujet rendez-vous sur le site soeursdencre.fr