On a vu "Oppenheimer", l’histoire de l’inventeur de la bombe atomique

19 juillet 2023 à 6h00 par Iris Mazzacurati

Matt Damon et Cillian Murphy dans "Oppenheimer".
Matt Damon et Cillian Murphy dans "Oppenheimer".
Crédit : © Universal Pictures. All Rights Reserved.

Christopher Nolan sort l’artillerie lourde pour transposer sur grand écran l’histoire du « père de la bombe atomique », J. Robert Oppenheimer.

Filmé en caméra IMAX – l’un des plus grands formats de "pellicule" au monde – Oppenheimer est l’adaptation de par Christopher Nolan du livre de de Kai Bird et Martin J. Sherwin, American Prometheus. Tel Prométhée qui a offert le feu sacré aux humains et fut condamné au supplice éternel pour ce geste, Oppenheimer a créé la bombe atomique et l’aurait - paraît-il – amèrement regretté quand il a vu l'utilisation qui en avait été faite.

Oppenheimer s’attache à raconter cette histoire, tentant au passage de rétablir quelques vérités. Mais quant à savoir ce que "le plus grand scientifique de son temps" pensait vraiment... pas sûr que ce soit beaucoup plus clair une fois sorti de la salle.

Peut-être parce que lui-même ne le savait pas vraiment. Partagé entre avoir une arme de dissuasion massive qui mettrait fin à toute guerre et le danger qu’elle représente effectivement pour l’Humanité.

Cillian Murphy magnétique

Cillian Murphy ("Peaky Blinders") donne corps à ce scientifique et ses certitudes, à sa relation particulière avec sa femme (Emily Blunt), sa maîtresse (Florence Pugh), ses liens avec le parti communiste et à la cabale dont il est victime après avoir été célébré comme un héros. 

Le point de vue de Robert Oppenheimer est filmé en couleur, tandis que celui du sénateur Strauss - figure marquante du développement de l'énergie nucléaire et des armes nucléaires aux États-Unis - l’est en noir et blanc, permettant une plus grande lisibilité, mais aussi une plus grande proximité avec le récit du savant.

Flashbacks et aller-retour spatio-temporels s’enchainent pendant 3 heures, entre études, projet Manhattan, remords et discrédit.

La tentative de Nolan de faire comprendre les enjeux philosophiques de la bombe à fission et la bombe H, intéresse - voire passionne - mais oublie d’être bouleversant ; à l’image du personnage principal.

Texturé et viscéral

Heureusement, le réalisateur d’Inception, Interstellar, Dunkerque ou Tenet... n’a jamais galvaudé le mot "superlatif"... et sait réserver quelques moments aussi sensoriels que viscéraux.

Parmi eux, l’essai Trinity - le premier test de la bombe A dans le désert de Los Alamos. Le décompte scotche le spectateur à son siège. Ici, pas de recours à l’infographie, seuls des effets spéciaux analogiques dont le secret reste bien gardé, et un incroyable jeu sur les sons et les silences assourdissants offrent à la scène une texture quasi palpable.

Apportant un éclairage sur les choix et le comportement de chacun des personnages, Oppenheimer se demande aussi s’ils ont eu raison de le faire.

Une question qui nous taraude encore bien longtemps après être sorti du cinéma...